La famille des Renonculacées ou Ranunculaceae est une famille assez ancienne de plantes regroupant environ 2000 espèces distinctes, dont l’une en particulier à révéler être d’un intérêt thérapeutique à haut potentiel : Nigella Sativa. 

Cette épice est largement plébiscitée par différentes médecines traditionnelles. Son large éventail d’effets pharmacologiques a su également susciter l’intérêt de chercheurs, nous permettant de recenser à ce jour une multitude d’études cliniques et preuves scientifiques. 

La thymoquinone est le principal bioactif de l’huile volatile des graines de Nigella Sativa. 

Ce monoterpène présente en premier lieu une activité anti-inflammatoire. Des essais cliniques reportés par l’Université de Médecine du Nebraska, aux Etats-Unis, montre une inhibition dose-dépendante des médiateurs de l’inflammations par les cellules de la microglie (cellules immunitaires du système nerveux centrale), des cellules impliquées dans l’exacerbation de diverses maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et de Parkinson concluant à un effet neuroprotecteur de ce terpène. 

D’autres maladies inflammatoires ont donc été étudiées dans ce sens, dont les rhumatismes articulaires tels que la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrose, mais encore l’asthme ou le psoriasis : une méta-analyse de cinq études montre que le traitement par thymoquinone réduit l’inflammation induite par le TNF-α (pour Tumor Necrosis Factor), une protéase intervenant dans le processus inflammatoire de la polyarthrite rhumatoïde et présente ainsi en addition un effet immunomodulateur avec diminution de l’immunité humorale et augmentation de l’immunité cellulaire. En outre, une méta-analyse ayant analysée un ensemble de recherches faites de 1993 à 2018 à aboutit à la prudente conclusion d'une amélioration du tableau clinique des maladies respiratoires de nature allergique et de nature obstructive de type emphysème en inhibant en particulier une enzyme : l'élastase. Sécrétée par nos neutrophiles, cette enzyme a pour rôle de détruire les tissus pour mieux réparer. Cependant, lorsqu'une inflammation chronique est installée, ce système devient alors hors de contrôle. On contribue alors ici à la stabilité d'une situation dégénérative dans une approche multidisciplinaire essentielle et adaptée à la sévérité de la maladie. 

De plus, des effets antioxydants directs et indirects sont largement mis en avant pour expliquer les effets anti-inflammatoires observés dans ces modèles, attribuées en partie à la thymoquinone mais pas seulement. En effet, Molecules, principale revue internationale de chimie, publie courant 2021, une revue dans laquelle elle démontre l’activité antiradicalaire élevée des graines de Nigella Sativa, attribuée à sa forte teneur en composés phénoliques et flavonoïdes. 

Pour rappel, les antioxydants sont des molécules naturelles qui neutralisent les espèces réactives à l’oxygène, qui sont des particules extrêmement réactives et agressives, que l’Homme fabrique au cours de sa journée, tous les jours, dans sa vie. Si notre système immunitaire est de lui-même capable de neutraliser ces particules au potentiel délétère vis-à-vis de notre organisme, il se peut que celui-ci soit débordé par moment pour de multiples raisons, et ne parvienne plus à assumer ce rôle : on parle alors de stress oxydant. A ce jour, les principaux micronutriments antioxydants sont la vitamine C et vitamine E, les polyphénols, les caroténoïdes et les terpènes : toutes choses que l'on retrouve dans la nigella sativa (cumin noir). Ce qui en fait une plante d'un intérêt exceptionnel pour le bien-être et la santé.    

Si la graine donne une huile fixe, par pression à froid, la composition de cette huile est d’une richesse extrême antioxydante puisqu’elle se compose de phénols notamment le groupe des flavonoïdes, de la vitamine E et des caroténoïdes qui présentent une activité antioxydante directe. 

Et les avantages pharmacologiques de Nigella sativa ne s'arrêtent pas là. En effet, de nombreuses études ont mesuré l’activité de la plante vis-à-vis des champignons, bactéries et autres micro-organismes : large spectre d’inhibition de la croissance bactérienne initialement dans le cadre de la conservation des aliments puis démontrée dans plusieurs essais cliniques face à témoins antibiotiques. Les effets antifongiques et antibactériens, ne sont pas des effets directs de la plante. De fait, ils seraient dû à un effet immunostimulant par augmentation de la libération de monoxyde d’azote, toxique pour certaines souches dont Candida albicans (présent chez l’Homme au niveau des voies génitales, tube digestif, bouche et de la peau pouvant parfois devenir pathogène) par les granulocytes et monocytes, par déstabilisation des membranes et modification de l'environnement oxydo-pathogène. 

Enfin, cette huile est riche en acides gras essentiels : les oméga 3 et 6. L’Agence nationales de sécurité sanitaire (ANSES) informe le public que « dans le domaine cardiovasculaire, les données scientifiques montrent que ces acides gras favorisent une diminution des triglycérides, de l’hypertension artérielle et donc une réduction de la morbi-mortalité cardiovasculaires ». 

Rédigé par le Docteur Rita Masoud Pharmacien diplômée de l'Université Paris-Saclay.

Bibliographie : 

- Cihan Toparslan, CT. (2017). Avec Nigella Sativa, l’étonnant cumin noir. Amyris.

-  Bibliographie scientifique relative à la nigelle (Nigella sativa L.) : ses caractéristiques, ses effets, ses bénéfices éventuels pour la santé et en cosmétique. - Laboratoire de pharmacognosie, UMR CNRS 8076 BioCIS, UFR Pharmacie, Université Paris-Saclay (5 rue J.-B. Clément, 92296 Châtenay-Malabry Cedex, France).

- Dalli, M.; Bekkouch, O.; Azizi, S.-e.; Azghar, A.; Gseyra, N.; Kim, B. Nigella sativa L. Phytochemistry and Pharmacological Activities: A Review (2019–2021). Biomolecules 2022, 12, 20.

 - Hadi, V., Kheirouri, S., Alizadeh, M., Khabbazi, A., & Hosseini, H. (2016). Effects of Nigella sativa oil extract on inflammatory cytokine response and oxidative stress status in patients with rheumatoid arthritis: a randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial. Avicenna journal of phytomedicine, 6(1), 34–43.